Voici le 2ème épisode de notre série d’articles sur les choix pédagogiques que nous avons faits chez Rbean. Après avoir discuté, la dernière fois, de notre quête vers le bootcamp parfait, cet épisode va revenir sur le peer learning.
Nous allons d’abord faire un rapide rappel sur le peer learning, ses bons et ses mauvais côtés, puis nous verrons comment nous avons implémenté le peer learning dans notre LMS, dans nos formations clés en main et bientôt dans nos écoles !
C’est quoi le peer learning ?
Le peer learning englobe plusieurs idées, toujours liées à l’apprentissage (learning) entre les pairs (peer), c’est-à-dire entre apprenants d’un même cursus ou d’une même école.
Pour pousser les étudiants à s’apprendre mutuellement, et donc faire du peer learning, on peut les faire travailler en groupe ou simplement créer des moments pour qu’ils s’entraident.
On peut aussi avoir un système de mentorat entre étudiants de différentes sessions, c’est aussi du peer learning.
On entend également souvent parler de peer correcting ou de peer reviews, c’est-à-dire la correction entre les pairs, en français. Au lieu qu’un professeur corrige les livrables d’un étudiant, ce sont les étudiants eux-mêmes qui se corrigent les uns les autres.
Les intérêts du peer learning sont multiples :
- On pousse les étudiants à échanger leurs techniques entre eux, ce qui permet (surtout dans le cadre d’un apprentissage par projet) de diffuser les bonnes techniques découvertes par certains étudiants.
- On multiplie les sources d’apprentissage. Un étudiant comprendra plus facilement un sujet si plusieurs personnes, avec plusieurs manières d’expliquer, lui en parlent.
- On peut également faire des économies en remplaçant les professeurs par les étudiants eux-mêmes (et oui, mais, en vrai, ce n’est pas si simple !).
Mais avec le peer learning arrivent quelques inconvénients qu’il va falloir mitiger du mieux possible !
Les inconvénients du peer learning
Pas d’influx de bonnes techniques
Le problème quand on laisse les étudiants s’apprendre les uns les autres, sans moyen de suivre ce qui se passe et de rectifier le tir, c’est que si un étudiant un peu charismatique avance une erreur, elle risque de se propager très vite.
Le peer learning ne peut pas se limiter à “demander à ton voisin de gauche”. Il y a des risques que ton voisin de gauche n’en sache pas plus que toi voir, te dise des bêtises, surtout au tout début d’un apprentissage.
Avoir un professeur qui suit ce qui se passe, qui fait des débriefings de temps à autre, et qui gère les groupes de peer learning nous semble très important.
La triche, l’ennemie numéro un du peer correcting
Ah, la triche. Vaste sujet.
Nous sommes nombreux à avoir triché à l’école, en mettant le cours sur sa calculatrice ou dans sa trousse. Grâce aux peer reviews, plus besoin de tricher ! Il suffit de se faire corriger par un pote et hop, c’est bon !
Bien sûr, il y a plein de façons d’éviter ça. On peut faire plusieurs peer reviews par livrable pour obtenir une moyenne des notes, ou cibler les notes beaucoup trop hautes/basses. On peut également faire en sorte qu’un professeur re-corrige aléatoirement certains livrables pour détecter les tricheurs. On peut assigner aléatoirement les correcteurs pour limiter le copinage, etc.
Isolement possible de certains étudiants
Le peer learning peut poser des problèmes aux personnes plus introverties ou plus timides. Certains étudiants peuvent avoir de gros problèmes avec ça.
Il faut donc trouver un moyen de cadrer ces moments le mieux possible. Il faut que quelqu’un qui n’y participe pas ou peu ne soit pas trop pénalisé.
Sentiment d’abandon / manque de motivation des étudiants
Déléguer aux étudiants les corrections ou même le fait de trouver un cours pour réaliser un projet peut être assez décourageant. Ils peuvent avoir l’impression d’être abandonnés, surtout quand ils sont débordés par la tâche.
Les peer reviews peuvent être vues comme une perte de temps pour le correcteur et pour le corrigé.
Il faut éviter d’entrer dans le cercle vicieux du : on pense qu’aller corriger quelqu’un nous fait perdre du temps sur notre propre travail, donc on bâcle la correction, donc le corrigé trouve que ça a été du temps perdu, donc il perd confiance dans les peer reviews et pense que ce n’est qu’une perte de temps, etc.
Maintenant que nous avons dit tout ça, quelle décision avons-nous prise chez Rbean pour avoir des formations qui utilisent au mieux (selon nous !) le peer learning ?
Le peer learning, au cœur des produits Rbean
Le peer learning est au cœur de notre LMS, et, par conséquent, au cœur de nos formations clés en main (à moins que ce soit l’inverse ?!).
Dans cette partie, nous allons voir quelques exemples de fonctionnalités que nous utilisons pour encourager le peer learning en évitant les problèmes mentionnés ci-dessus.
Un vrai travail de groupe
La manière la plus simple de faire du peer learning, c’est de faire travailler les étudiants ensemble ! (logique).
Notre LMS permet un véritable travail de groupe, c’est-à-dire que les étudiants d’un même groupe auront le même cours, travailleront sur le même livrable, et auront les mêmes notes.
Les membres du staff peuvent aider à diffuser les bonnes pratiques en créant des équipes d’étudiants de différents niveaux. Ils peuvent également laisser les étudiants créer leur propre équipe pour augmenter la motivation. Ou simplement laisser le hasard décider !
En plus de grandement pousser au peer learning, cela permet aussi aux étudiants de développer des soft skills indispensables au monde du travail !
Les peer reviews
Les peer reviews sont également un bon outil pour le peer learning. Notre LMS va assigner automatiquement (pour éviter les tentatives de tomber avec un ami) des groupes de correction. Chaque étudiant va corriger le travail de quelqu’un d’autre et va se faire également corriger.
Si on s’arrête là, l’utilité principale des peer reviews est de faire gagner du temps aux membres du staff, voire de faire des économies.
Mais, dans nos formations, nous poussons les étudiants à utiliser ces moments pour échanger en face à face. L’étudiant correcteur a un barème à suivre, il doit faire sa correction en face de l’autre étudiant. Le barème est fait pour pousser le correcteur à présenter son travail et les deux à échanger.
Cela permet au correcteur d’analyser en profondeur un autre livrable que le sien, et permet au corrigé de voir où il a faux et d’avoir des conseils de son collègue. C’est pour cela que nous plaçons, en général, les peer reviews au milieu d’un projet, pas à sa fin, quand il est trop tard.
Pour éviter la triche, et qu’un apprenant mette 20/20 à son collègue, nous avons décidé de régler les peer reviews de façon à ce qu’elles ne donnent pas de note définitive, et nous laissons une soutenance faite par un membre du staff pour donner la vraie note. Mais Rbean LMS vous laisse faire comme vous le souhaitez !
Des espaces d’échanges, suivis par le staff
Rbean LMS possède plusieurs espaces d’échanges entre pairs, dont un propre à chaque projet. Cet espace est là pour que les étudiants échangent entre eux, se posent des questions, etc.
La possibilité d’échanger du contenu (fichiers, liens internet, vidéos YouTube, etc.) permet également aux étudiants qui trouvent des informations pertinentes de les partager avec leurs pairs.
Les membres du staff sont toujours là pour vérifier ce qu’il se passe, intervenir si besoin, et même partager du contenu eux-mêmes (cela peut permettre de moduler la quantité d’information donnée à un instant T dans le cadre de l’apprentissage par projet).
Certains étudiants vont échanger avec leurs pairs naturellement, mais pour motiver un peu les autres, on peut ajouter une couche de gamification. Par exemple, donner un achievement aux étudiants qui aident le plus !
Rendre les livrables publics
Et en parlant de partager du contenu avec ses pairs, Rbean LMS propose (si les membres du staff l’activent) un partage des livrables créés par les étudiants.
Par exemple, si on prend un projet où les étudiants devront réaliser un exercice de création de podcast, à la fin du projet, tous les podcasts réalisés pourront être rendus visibles à tous les étudiants de la promotion.
Ainsi, les étudiants pourront analyser les livrables de leurs pairs et en apprendre quelque chose. De plus, ils pourront commenter les travaux de leurs collègues et ainsi permettre à tout le monde d’avoir plusieurs points de vue sur ce qu’il a fait !
Aller encore plus loin avec les concours
Une fois que tous les pairs peuvent voir le rendu de leurs collègues, il est possible d’organiser un concours grâce à Rbean LMS ! Les étudiants pourront donner une note entre 1 et 5 aux livrables de leurs pairs et la personne qui aura obtenu le plus de points gagnera.
Pour nous, un concours doit se baser sur un autre critère que celui qui rapporte la note en fin de projet, afin de valoriser autrement les étudiants.
Par exemple, si les étudiants doivent réaliser un site e-commerce, la note finale sera probablement basée sur le fait que le site est fonctionnel à la fin du projet, et pas forcément sur son esthétisme. Un concours permet de valoriser un étudiant qui n’a peut-être pas eu la meilleure note, qui n’a peut-être pas réussi à faire un site totalement fonctionnel, mais qui s’est donné du mal pour faire un beau site.
Voilà une utilisation du peer learning qui permet de mettre en avant les talents de certains étudiants !
Les évolutions du peer learning sur lesquelles nous réfléchissons
Les compétitions
Quelque chose qui ne marcherait que pour du code (et encore ?), ce serait un système de compétitions entre pairs.
Au lieu de faire un examen, vous faites un examen contre quelqu’un ! Deux étudiants (ou plus, mais disons 2 pour cet exemple) doivent finir le plus vite possible le même exercice de code. Ils se connectent sur une page où ils voient deux éditeurs de code : le leur où ils vont devoir coder leur solution à l’exercice, et celui de leur adversaire. Le code de l’adversaire apparaît flouté, mais se met à jour en live, pour montrer qu’il avance ! Le taux de complétion de l’exercice s’affiche en live chez les 2 étudiants.
On peut imaginer le même principe, mais façon collaborative, où les 2 étudiants travaillent sur 2 parties du même projet !
Et on peut même imaginer un mode “public”, où les personnes qui ne participent pas à l’exercice voient en clair les 2 éditeurs de code et suivent ce qu’il se passe. Un bon moyen de gamifier un peu les examens et de créer une ambiance de promo entre pairs !
La gamification de groupe
Et en parlant de gamification, nous avons des idées pour la gamification de groupe :
Par exemple, donner des achievements à un groupe voire à une promotion entière ! Les étudiants vont devoir s’entraider pour atteindre un objectif, et cela active donc le peer learning.
On peut également faire des pots communs de la monnaie fictive de notre LMS, et utiliser ces pots communs pour débloquer des aides dans les projets, pour demander aux professeurs de faire une correction non prévue, etc. Cela demande que tous les étudiants soient d’accord sur l’utilité d’un événement pour la promo, et qu’ils soient prêts à utiliser leur monnaie interne. Apprentissage de soft skills entre les pairs !
Altération des projets par les pairs
Un moyen d’aider les étudiants à se sentir inclus dans leur parcours est de leur permettre d’altérer les projets.
Évidemment, ils ne vont pas remplacer le designer pédagogique, mais on peut leur laisser une marge de manœuvre.
Par exemple, le prochain projet de code sera-t-il en Python ou en JavaScript ? Le prochain projet de community management se concentrera-t-il sur Instagram ou TikTok ? Le prochain examen sera-t-il un examen simple qui rapporte peu de points ou plus dur qui rapporte plus de points ?
On peut faire choisir la communauté de plusieurs manières. Soit un vote qui décidera pour toute la promotion. Soit, on choisit dans quel groupe on veut être. Faire émerger des groupes par affinité est un moyen de stimuler le peer learning !
Conclusion
Le peer learning est un outil d’apprentissage puissant mais qu’il ne faut pas laisser sans surveillance (comme beaucoup d’outils d’apprentissage, au final !).
Nous avons essayé de limiter ses problèmes et de le cadrer le mieux possible, pour tirer le plus grand bénéfice du peer learning. Mais il ne faut pas oublier que chaque public est différent, et que chaque formation est différente.
Il faut toujours expérimenter et ajuster en fonction des retours des étudiants !
Si vous souhaitez utiliser notre LMS doté de nombreuses fonctionnalités pour le peer learning, ou si vous préférez lancer nos parcours de formation au code en marque blanche, n'hésitez pas à venir discuter avec nous !